L’art pariétal, chronologie et techniques de réalisation

Charbon de bois notamment utilisé pour le tracé des contours des félins de la grotte Chauvet, © www.natura-sciences.com

Charbon de bois notamment utilisé pour le tracé des contours des félins de la grotte Chauvet, © http://www.natura-sciences.com

Nous avons cherché à comprendre comment avaient été réalisées les représentations de félins de la Grotte Chauvet. Il n’y a pas d’études à proprement parler sur les techniques utilisées dans cette grotte, mais nous partirons du principe qu’elles devaient vraisemblablement être les même ou du moins se rapprocher des procédés utilisés dans d’autres grottes ornées qui ont-elles eu une étude approfondie.

Pour cela nous cumulerons les informations de plusieurs sources. Sur le blog educadom, réalisé pour des élèves de primaires mais inspiré des articles du site de l’encyclopédie Larousse on trouve une présentation assez simple mais précise de l’art pariétal. Nous utilisons aussi deux sites internet qui, bien qu’à visée commerciale présentent des informations scientifiques approuvées des chercheurs. Le premier article est issu d’Hominidés, (site internet proposant la vente d’ouvrages sur différents thèmes archéologiques), il se base sur des publications telles: La naissance de l’art de Michel Lorblanchet (aux éditions errance) ou Aux origines de l’art d’Emmanuel Anati (aux éditions Fayard). Les auteurs de ces livres sont des archéologues, des préhistoriens, …  importants dans le milieu de la recherche archéologique préhistorique. Le deuxième article provient de Clio (site internet proposant des voyages à thèmes) il traite de L’art rupestre dans le monde et a été réalisé d’après Jean Clottes, un préhistorien français responsable de la conservation des oeuvres de la grotte Chauvet et spécialiste de l’art préhistorique au Paléolithique. Nous allons donc grâce à ces différentes références pouvoir vous présenter l’art pariétal par sa chronologie, sa typologie ainsi que ses techniques (gravures et peintures).

D’après l’archéologue et historien André Leroi-Gourhan l’art pariétal peut être classé chronologiquement. Il se base sur des critères stylistiques qui lui permettent de distinguer 4 styles:

– Le style I, ou style primitif qui correspondrait au gravures « grossières » de l’aurignacien.

– Le style II, ou style archaïque, correspondant aux oeuvres gravettiennes dans lesquelles les figurations sont réduites à quelques traits simples et dépourvues de détails.

– Le style III, qui comprendrait certaines représentations de la grotte de Lascaux, caractérisées par un perfectionnement du modelé ainsi qu’une adjonction de détails anatomiques.

– Le style IV, qui correspond à un plus grand réalisme des figurations, dont le modèle est rendu par des hachures ou des variations dans la densité des couleurs.

Cependant la découverte de la grotte Chauvet vient remettre en cause cette chronologie. En effet, les peintures datées devraient correspondre au style II. Pourtant les figures animales de cette grotte font parties des plus réalistes jamais découvertes, ce qui les fait appartenir au style IV pourtant beaucoup plus récent. C’est pour cette raison que la datation de la grotte Chauvet est tant critiquée (voir La datation de la grotte Chauvet, ainsi que Présentation de la Grotte Chauvet Pont d’Arc).

L’art pariétal dont Leroi-Gourhan fait mention est composé à la fois de la peinture (que l’on retrouve dans la grotte Chauvet) mais aussi de la gravure (technique beaucoup plus courante). Nous allons désormais voir ces deux techniques.

La gravure : La technique de base consiste à enlever de la matière grâce à un outil pour créer un contraste de couleur entre la zone gravée et le fond. Le plus souvent cela donne une gravure claire sur un support foncé, mais il existe de nombreuses variations. Afin d’enlever la matière il existe deux techniques principales : le piquetage et l’incision ainsi que le raclage. Le piquetage est la technique la plus répandue, sur toutes les époques et tout les continents. Elle consiste à utiliser une pierre dure (un galet par exemple) pour frapper et entamer la surface rocheuse. L’incision et le raclage sont assez semblables dans leur procédé de réalisation :  il s’agit de prendre un outil tranchant et d’entamer la roche par frottement.

La peinture : Les oeuvres peintes sont beaucoup moins nombreuses mais cela ne veut pas dire qu’elles ont été moins réalisées, cela est du à un problème de conservation, les peintures étant plus affectées par les conditions atmosphériques en extérieur. Des études sur leur procédé de réalisation on permit de retrouver les techniques. L’une d’entre-elles consiste à utiliser un bâton de pigment comme crayon, du charbon de bois, de l’hématite rouge… pour réaliser un tracé (le remplissage des surfaces internes n’est pas réalisé de la même façon). Dans la grotte Chauvet, les tracés noir ont été réalisés de cette façon. Bien qu’il y ai une utilisation de couleur, on ne peut cependant pas parler de peinture à proprement parler. La « véritable » peinture implique d’utiliser deux éléments au moins : le pigment pour la couleur (minéral ou végétal), un liant (l’eau, le sang, l’urine, la graisse). L’utilisation de la peinture plus ou moins liquide s’est faite de multiples manières. La plus simple est de l’appliquer, voire de l’étaler au doigt. On peut aussi se servir d’un pinceau ou d’une peau animale. C’est de cette façon que sont traitées les surfaces pleines des figures. Une technique très spéciale a été inventée de nombreuses fois. Il s’agit du pochoir. La peinture est prise dans la bouche et projetée par crachotements sur l’objet à dessiner placé contre la paroi : son empreinte apparaît ensuite en négatif. Assez curieusement, le sujet principal ainsi réalisé est la main.

D.P. et M.D.

Laisser un commentaire