Datation de la grotte Chauvet

Grotte Chauvet, Chevaux et rhinocéroces

Grotte Chauvet, Chevaux et rhinocéros, charbon de bois, © http://www.iesanetwork.com

Le site du Ministère de la culture, ainsi qu’une page de Wikipédia (encyclopédie libre en ligne, sur laquelle tout le monde peut participer) et un article du Metropolitan museum of art ( Musée d’art à Manatthan. Les collections du Met comptent plus de deux millions d’œuvres d’art provenant du monde entier et représentant une gamme d’objets très divers) écrit par Jean Clottes (Responsable de l’étude scientifique de la grotte Chauvet) mais aussi un article du journal Le Figaro écrit par Yves Miserey (journalisme chroniqueur médias) nous renseignent plus précisément sur le sujet de la datation plus ou moins contestée de la grotte Chauvet, sur les méthodes employées pour aboutir à ces résultats, et enfin, l’impact de ces datations anciennes sur les théories de préhistoire de l’art.

Datations

Des datations directes effectuées en 1995 ajoutent une dimension inattendue à la découverte de la grotte. En effet, trois échantillons pris sur deux rhinocéros et un bison tracés au charbon ont donné des dates comprises entre 30 340 et 32 410 avant le présent. Compte-tenu des marges statistiques, cela signifie que ces peintures ont été faites à une date très ancienne, autour de 31 000 ans avant le présent, dans un intervalle de 1 300 ans.

La grotte Chauvet tient donc son caractère exceptionnel du fait qu’elle a été occupée par les hommes à deux périodes très anciennes, l’Aurignacien et le Gravettien, selon le préhistorien Jean Clottes. Selon les scientifiques en charge de l’étude, les œuvres pariétales auraient été réalisées au cours de la première seulement. Pour d’autres auteurs, seuls les dessins réalisés avec des charbons dateraient de la période la plus ancienne, les dessins faits avec de l’ocre datant du Gravettien.

Les premières datations par le carbone 14 ont créé la surprise par leur ancienneté (31 000 ans). Elles ont été mises en doute en 2003 puis 2010 par certains archéologues, Christian Züchner, Paul Pettitt et Paul Bahn notamment, qui estimaient ces peintures plus récentes sur la base de critères stylistiques. La grotte Chauvet a toutefois bénéficié d’un nombre exceptionnel de datations directes pour lesquelles les échantillons furent confiés à plusieurs laboratoires, difficilement contestables et acceptées aujourd’hui par la majorité des préhistoriens. Des parallèles stylistiques ont été établis avec certaines statuettes découvertes en contexte aurignacien indubitable, telles que l’homme lion de Hohlenstein-Stadel.

Bouleversement de la préhistoire de l’art

Enfin, les thèmes représentés et la date très haute de certaines des peintures de la grotte Chauvet-Pont-d’Arc vont à l’encontre des schémas de A. Leroi Gourhan, qui ont profondément influencé la recherche sur l’art pariétal depuis la parution de son ouvrage majeur en 1965. Son style I, corrélé avec l’Aurignacien, ne peut plus s’appliquer qu’à des sites archaïques, en majorité localisés en Dordogne. La nouvelle découverte échappe totalement à ce cadre. Quant à la structure de la cavité, et plus particulièrement à l’organisation des panneaux, avec des félins et des rhinocéros en position centrale dominante, elle est contraire aux idées, longtemps admises, de Leroi-Gourhan, pour qui les félins, par exemple, devaient se trouver sur les marges, dans les entrées ou dans les fonds.
L’étude de la grotte Chauvet-Pont-d’Arc ne fait que débuter. Au cours des années qui viennent, une masse considérable d’informations viendra s’ajouter à ces premiers éléments, et d’autres surprises sont probables. Cependant, l’importance et l’originalité de cette caverne ardéchoise sont telles, même à ce stade préliminaire, que l’on peut dès à présent être certain que, comme ce fut le cas lors de la découverte d’Altamira et de Lascaux , notre connaissance des premières manifestations artistiques de l’humanité va franchir un palier décisif.

D.P

L’art pariétal, chronologie et techniques de réalisation

Charbon de bois notamment utilisé pour le tracé des contours des félins de la grotte Chauvet, © www.natura-sciences.com

Charbon de bois notamment utilisé pour le tracé des contours des félins de la grotte Chauvet, © http://www.natura-sciences.com

Nous avons cherché à comprendre comment avaient été réalisées les représentations de félins de la Grotte Chauvet. Il n’y a pas d’études à proprement parler sur les techniques utilisées dans cette grotte, mais nous partirons du principe qu’elles devaient vraisemblablement être les même ou du moins se rapprocher des procédés utilisés dans d’autres grottes ornées qui ont-elles eu une étude approfondie.

Pour cela nous cumulerons les informations de plusieurs sources. Sur le blog educadom, réalisé pour des élèves de primaires mais inspiré des articles du site de l’encyclopédie Larousse on trouve une présentation assez simple mais précise de l’art pariétal. Nous utilisons aussi deux sites internet qui, bien qu’à visée commerciale présentent des informations scientifiques approuvées des chercheurs. Le premier article est issu d’Hominidés, (site internet proposant la vente d’ouvrages sur différents thèmes archéologiques), il se base sur des publications telles: La naissance de l’art de Michel Lorblanchet (aux éditions errance) ou Aux origines de l’art d’Emmanuel Anati (aux éditions Fayard). Les auteurs de ces livres sont des archéologues, des préhistoriens, …  importants dans le milieu de la recherche archéologique préhistorique. Le deuxième article provient de Clio (site internet proposant des voyages à thèmes) il traite de L’art rupestre dans le monde et a été réalisé d’après Jean Clottes, un préhistorien français responsable de la conservation des oeuvres de la grotte Chauvet et spécialiste de l’art préhistorique au Paléolithique. Nous allons donc grâce à ces différentes références pouvoir vous présenter l’art pariétal par sa chronologie, sa typologie ainsi que ses techniques (gravures et peintures).

D’après l’archéologue et historien André Leroi-Gourhan l’art pariétal peut être classé chronologiquement. Il se base sur des critères stylistiques qui lui permettent de distinguer 4 styles:

– Le style I, ou style primitif qui correspondrait au gravures « grossières » de l’aurignacien.

– Le style II, ou style archaïque, correspondant aux oeuvres gravettiennes dans lesquelles les figurations sont réduites à quelques traits simples et dépourvues de détails.

– Le style III, qui comprendrait certaines représentations de la grotte de Lascaux, caractérisées par un perfectionnement du modelé ainsi qu’une adjonction de détails anatomiques.

– Le style IV, qui correspond à un plus grand réalisme des figurations, dont le modèle est rendu par des hachures ou des variations dans la densité des couleurs.

Cependant la découverte de la grotte Chauvet vient remettre en cause cette chronologie. En effet, les peintures datées devraient correspondre au style II. Pourtant les figures animales de cette grotte font parties des plus réalistes jamais découvertes, ce qui les fait appartenir au style IV pourtant beaucoup plus récent. C’est pour cette raison que la datation de la grotte Chauvet est tant critiquée (voir La datation de la grotte Chauvet, ainsi que Présentation de la Grotte Chauvet Pont d’Arc).

L’art pariétal dont Leroi-Gourhan fait mention est composé à la fois de la peinture (que l’on retrouve dans la grotte Chauvet) mais aussi de la gravure (technique beaucoup plus courante). Nous allons désormais voir ces deux techniques.

La gravure : La technique de base consiste à enlever de la matière grâce à un outil pour créer un contraste de couleur entre la zone gravée et le fond. Le plus souvent cela donne une gravure claire sur un support foncé, mais il existe de nombreuses variations. Afin d’enlever la matière il existe deux techniques principales : le piquetage et l’incision ainsi que le raclage. Le piquetage est la technique la plus répandue, sur toutes les époques et tout les continents. Elle consiste à utiliser une pierre dure (un galet par exemple) pour frapper et entamer la surface rocheuse. L’incision et le raclage sont assez semblables dans leur procédé de réalisation :  il s’agit de prendre un outil tranchant et d’entamer la roche par frottement.

La peinture : Les oeuvres peintes sont beaucoup moins nombreuses mais cela ne veut pas dire qu’elles ont été moins réalisées, cela est du à un problème de conservation, les peintures étant plus affectées par les conditions atmosphériques en extérieur. Des études sur leur procédé de réalisation on permit de retrouver les techniques. L’une d’entre-elles consiste à utiliser un bâton de pigment comme crayon, du charbon de bois, de l’hématite rouge… pour réaliser un tracé (le remplissage des surfaces internes n’est pas réalisé de la même façon). Dans la grotte Chauvet, les tracés noir ont été réalisés de cette façon. Bien qu’il y ai une utilisation de couleur, on ne peut cependant pas parler de peinture à proprement parler. La « véritable » peinture implique d’utiliser deux éléments au moins : le pigment pour la couleur (minéral ou végétal), un liant (l’eau, le sang, l’urine, la graisse). L’utilisation de la peinture plus ou moins liquide s’est faite de multiples manières. La plus simple est de l’appliquer, voire de l’étaler au doigt. On peut aussi se servir d’un pinceau ou d’une peau animale. C’est de cette façon que sont traitées les surfaces pleines des figures. Une technique très spéciale a été inventée de nombreuses fois. Il s’agit du pochoir. La peinture est prise dans la bouche et projetée par crachotements sur l’objet à dessiner placé contre la paroi : son empreinte apparaît ensuite en négatif. Assez curieusement, le sujet principal ainsi réalisé est la main.

D.P. et M.D.

Présentation de la Grotte Cosquer

Grotte Cosquer

Grotte Cosquer, vue générale

La Grotte Cosquer est l’une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique. Le préhistorien français Jean Clottes, l’archéologue Jean Courtin, spécialiste de la recherche sous-marine ainsi que le plongeur/explorateur Luc Vanrell, ont co-écrit de nombreux ouvrages, tel « Cosquer redécouvert » (Collection : Art Rupestre, Edition : Seuil, 2005) à son propos. Le site Hominidés (à visée commerciale) répertorie ces publications. Dans la page consacrée à cette grotte, ces trois auteurs font une présentation assez précise du site archéologique. En complément, le Ministère de la Culture propose un site internet consacré à cette même grotte dont la direction scientifique a été confiée à Jean Clottes et Jean Courtin.

Géographie et historique
Située dans les Calanques, près de Marseille, au Cap Morignou, la Grotte Cosquer est partiellement inondée et son accès se fait uniquement par plongée. C’est avec elle que, pour la première fois, la présence d’art pariétal datant du Paléolithique, dans cette région de France a été mise au jour. À Cosquer, la présence humaine ne se limite pas à l’art qui orne ses parois, des traces d’occupation au sol ont aussi été repérées.

Iconographie
Au nombre de 65, les mains négatives sont le thème iconographique retrouvé sur les parois le plus fréquent. La faune de l’époque, notamment aquatique mais aussi terrestre, est aussi abondamment représentée. Parmi elle, un seul félin. C’est dans cette grotte, pourtant à moitié immergée, que l’on trouve le plus grand nombre de figures animales (au nombre de 177) et l’on peut même supposer que dans ses meilleures années la grotte en contenait entre 400 et 800. Ce compte comprend à la fois les peintures et les gravures.

Datations
Cette grotte a fait l’objet de nombreuses datations au carbone 14, des artefacts provenant du sol d’occupation (os, foyer…) ainsi que des peintures elles-même (datation des matériaux utilisés : charbon de bois). Deux occupations ou du moins deux étapes ont été ainsi enregistrées, la première vers 19 000 BP, la deuxième vers 27 000 BP.

Nous retiendrons la représentation peinte du félin que nous comparerons avec celles trouvées dans la grotte Chauvet.

Si vous désirez obtenir plus d’information sur cette grotte particulière et l’art pariétal qui l’orne, je vous recommande le blog de trois étudiants en Archéologie et Histoire de l’art qui se sont spécialisés dans la symbolique et la signification des mains en préhistoire et plus particulièrement dans la grotte Cosquer. Le contenu est basé sur un contenu scientifique mais fait aussi appelle à des comparaisons artistiques contemporaines.

M.D.